L'histoire des cloches     I     L'histoire des  sonneries

Sonneries des clochesSonnerie des cloches Eglise Notre-Dame de Villefranche de Rouergue

 

On n’a pas retrouvé, à ce jour, de règlements de sonneries propres à la collégiale Notre-Dame, quelle que soit la période. Cependant un document manuscrit daté de la première moitié du XXe siècle,

« église collégiale Notre-Dame de Villefranche de Rouergue (Aveyron)

sonneries des cloches selon la coutume et la tradition »,

s’apparente à ce type de règlement. Mais il ressemble plutôt à un ensemble de recommandations, comme s’il fallait éviter que chaque sonneur devenu aussi carillonneur développe, avec trop de liberté, ses propres variantes et s’écarte trop ainsi de la tradition.

 

Concernant la période d’Ancien Régime, seules sont mentionnées dans les documents d’archive les nouvelles sonneries ou les sonneries inhabituelles. Pour cette période on parle de grandes et petites cloches ; toute notion de musicalité semble absente. On remarquera que les cloches sont un remarquable instrument de communication.

 

Pendant cette période, les mêmes cloches sonnent pour des usages religieux et civils et le pouvoir civil dispose de la maîtrise de l’usage des cloches.

 

Le règlement de 1332 fait par les Consuls pour la sacristie de l’église archipresbytérale spécifie les obligations du sacristain :

  • il aurait soin aux fêtes solennelles de faire le carillon, ce qui revient à sonner toutes les cloches en volée, le plenum, conformément à la tradition
  • il sonnerait ou ferait sonner chaque nuit pendant toute l’année la cloche pour faire garde en la ville. Il serait tenu d’appeler ou de faire appeler les manœuvres de la dite ville.

Il semble donc que dès l’origine, à la demande des Consuls, le sacristain assurerait sonneries religieuses et civiles.

 

En 1446, un nouveau document actualise les statuts, conventions et articles passés entre les Consuls et les prêtres sur le droit et les privilèges que les dits Consuls avaient comme patrons en l’église archipresbytérale de la dite ville nouvellement érigée en collégiale. Et en 1503, année où est installée l’horloge de la ville sur le clocher-porche, dans les archives de l’hôtel de ville il y a des transactions et privilèges entre les Consuls et les Mrs du chapitre collégial, desquels il résulte entre autres choses que les dits Consuls sont patrons de l’église paroissiale et qu’ils ont juridiction et administration sur les cloches et ornements d’icelle ; confirmé par arrêt du parlement de Toulouse en 1512.

 

Non seulement les mêmes cloches sonnent pour des usages religieux et civils mais le pouvoir civil dispose de la maîtrise de l’usage des cloches : par exemple en 1500 les Consuls autorisent la fondation d’une chapellenie pour dire une messe chaque premier vendredi des douze mois de l’année en l’honneur des cinq plaies du Sauveur et il faut qu’on sonne cinq coups de cloches. Ce pouvoir des Consuls ne s’exercera pas sans tensions ni conflits.

 

Si les sonneries pour les différents offices du calendrier liturgique vont de soi et sont donc absentes des documents d’archives, il n’en va pas de même pour les appels quotidiens à la prière ni pour les sonneries associées à des événements exceptionnels.

 

Deux nouveaux appels quotidiens à la prière se font jour :

 

  • le 1er mai 1472 le roi Louis XI ordonna qu’au son de la grosse cloche à midi on eut à se mettre à genoux et dire l’Ave Maria. On peut penser que se confirment ainsi les trois sonneries quotidiennes de l’Angélus qui se poursuivent encore aujourd’hui.
  • en 1628 alors que la peste sévit et fait plusieurs milliers de morts, on prie la Vierge d’intercéder auprès de Dieu, son fils, pour que cesse ce fléau : ce qu’il advint ! Ayant eu recours à la protection de la très sainte Vierge, la communauté de cette ville fit un vœu solennel à perpétuité qu’on prierait à genoux le matin et le soir, tous les jours, dès que le peuple en est averti par de son de toutes les cloches de la ville. Cette sonnerie est propre à Villefranche et se poursuivra matin et soir jusqu’en 1906.

 

Les documents d’archive nous apprennent que les cloches sonnent régulièrement lors de la mort d’un personnage important ou pour le couronnement du roi et la naissance du dauphin. Le principe est simple : les cloches sonnent pour louer Dieu et témoigner de l’attachement des habitants de la bastide à cette personne ou à son roi.

 

Lors des orages les cloches sonnent pour les détourner ; c’est une propriété reconnue au bronze béni. Ces sonneries de cloches ont la même fonction que celles utilisées lors de l’Angélus du matin : repousser, chasser les démons qui hantent les nuées orageuses comme les nuits des fidèles. Cette sonnerie est en même temps une alerte et un appel à prière et procession. Il faut remarquer que l’on ne sonne pas le tocsin pour avertir de cette menace particulière.

 

Les sonneries liées aux funérailles posent régulièrement des problèmes : soit parce qu’elles sont trop nombreuses ou trop longues et troublent ainsi l’ordre et le repos publics, soit parce que le salaire parfois excessif exigé par les sonneurs, dont c’est la seule rémunération, entraine de nombreuses plaintes. Elles sont donc bien documentées.

 

Plusieurs documents mentionnent les sonneries à l’occasion des agonies, mais aucun à ce jour n’en décrit les modalités. En revanche les sonneries pour les enterrements sont mieux précisées :

 

  • en 1476 par exemple, il fut tenu un conseil de ville portant règlement de la sonnerie des cloches pour les honneurs funèbres des fidèles enterrés dans la présente ville ; il fut arrêté que l’on ne sonnerait plus les cloches qu’autant que brûlerait la troisième partie d’une chandelle de cire de la valeur d’une obole et non pas davantage. Lors de ce même conseil il est constaté qu’il serait bon de faire même distinction de l’état et condition des personnes.
  • autre exemple, le 22 septembre 1755 les consuls constatent que les sonneries de cloches abusives de jour comme de nuit troublent l’ordre et le repos public. Ils décident d’établir une ordonnance pour réglementer les fréquentes sonneries et le salaire souvent excessif qu’exigent les sonneurs de cloches. Les habitants de la bastide, dans ce nouveau règlement, sont regroupés en six catégories sociales ; à chaque catégorie sont associés un nombre de cloches, une manière de les sonner, une durée de sonnerie la veille au soir et le jour de l’enterrement, ainsi que le salaire des sonneurs.

 

La règle suivie pour ces sonneries est simple :

  • le nombre de cloches augmente avec la qualité du défunt, ainsi que le nombre des sonneries et leur durée ;
  • les grandes cloches sont réservées aux bourgeois, nobles et membre du clergé, c’est-à-dire aux personnages importants. C’est une transposition de la règle qui associe les grandes cloches aux événements importants ou aux fêtes majeures du calendrier liturgique.

 

Les sonneries civiles sont les mieux documentées car elles correspondent souvent à des événements dramatiques ou exceptionnels.

On distingue :

 

Les sonneries horaires : couvre-feu, retraite, gardes. Par exemple :

 

  • en 1721 et 1722 la peste menace. Enfin le 7 décembre 1722, on fit ouvrir tous les passages qu’on avait fermé pour se garantir de la contagion ; l’on fit cesser la garde aux portes de la ville, qu’on montait au son de la troisième cloche du grand clocher qui appelait de bon matin et qui faisait retirer fort tard.
  • le 29 février 1730 les consuls firent publier que les cabaretiers n’eussent point à recevoir dans leur logis aucun habitant, ni autres étrangers pour manger et boire pendant les offices divins et de fermer à tous leur porte vers les 8 à 9 heures du soir ; pour cet effet avant les 9 heures de la nuit on sonnera la retraite avec la cloche tertial du grand clocher.

 

Les sonneries d’alarme : le tocsin et sonneries en cas d’orage. Différents événements mentionnent la pratique du tocsin selon ses deux modalités :

 

  • soit prévenir d’une menace : incendie, guerre, mutinerie. Par exemple :
    • le 29 juillet 1603 le feu détruit l’hôpital Saint-Loup ; on fit sonner le tocsin à l’église des Cordeliers et à la collégiale toute la nuit.
    • en janvier 1643 commence la révolte des Croquants conduits par Jean Petit. Ces séditieux recommencèrent leur rébellion le 25 août, l’on sonna le tocsin dans toutes les villes, villages et lieux alentours.
  • soit appeler à l’insurrection : par exemple, en août 1627, il y eut un grand soulèvement du menu peuple. Les Consuls prièrent le prévôt de l’église collégiale de s’aller s’assurer du clocher et des cloches afin d’empêcher qu’on ne sonnât le tocsin.

 

Les convocations : par exemple, les membres du Chapitre collégial, logés dans diverses habitations de la bastide, étaient régulièrement convoqués en assemblée dans l’une des deux sacristies de la collégiale au son de la cloche appelée la Mandarelle.

 

Enfin l’accueil de personnalités. Par exemple :

en 1681 lors de la réception du Sénéchal du Rouergue, Jean de Buisson, seigneur de Bournazel, on chante le Te Deum au son des orgues et des cloches.

Le 23 octobre 1627 les sœurs de Sainte-Ursule, venant de Toulouse, sont reçues à la collégiale au son de toutes cloches de celle-ci ; on chante le Te Deum et toutes les cloches sonnent en signe de réjouissance.

 

De la Révolution à nos jours, on ne parle plus de grande ou petite cloche. Celles-ci sont maintenant désignées par la note correspondante et l’aspect musical devient de plus en plus important. L’instrument de communication s’efface devant l’aspect social des cloches.

Les cloches de volée installée en 1819

do3, ré3, mi3, fa3, fa#3, sol3, la3, la#3,

permettent d’une part des sonneries en modes majeur et mineur et d’autre part de jouer airs, cantiques et broderies autour de ces sonneries.

 

  Les sonneries, de la seconde moitié du XIXe siècle à la seconde guerre mondiale.

Les sonneries liées à la liturgie

Les sonneurs sonnaient au moins 6 fois par jour les jours ordinaires :

  • les trois angélus, à 6h00, midi et au coucher du soleil ; après une première broderie, 3 fois 3 coups sur le mi, puis des airs de carillon différents selon la période.
  • la prière à Saint Roch pratiquée jusqu’en 1906 : tous les jours à 8h00 et 17h00 ;
  • le couvre-feu à 22h00 pratiqué jusqu’en 1895. On met en branle pendant 2 à 3 mn la seconde cloche, le mi.

 

Ils sonnaient 8 fois les dimanches : les six fois des jours de semaines, la grand-messe et les vêpres. On sonnait de la même manière pour la grand-messe et les vêpres, à savoir pendant la demi-heure qui précède l’office trois envois de même structure : une ritournelle, une sonnerie ; puis après le dernier envoi une conclusion.

  • les dimanches ordinaires on sonne le mi,
  • lors des fêtes moyennes, le ré,
  • lors des fêtes solennelles, la grande volée.

Au moment de l’élévation le sonneur jouait un cantique pour permettre aux absents de s’associer à la prière de la communauté.

 

Les sonneries liées à la mort

On distingue les agonies des funérailles :

 

Les agonies

La sonnerie pour les agonies, supprimée à partir de 1906, utilise le ré par tintement : trois séries avec un intervalle de 30s entre elles. Chaque série comportait :

  • 4 tintements pour une femme,
  • 5 pour un homme,
  • 6 pour une religieuse,
  • 7 pour un prêtre,

 

Les funérailles

Les funérailles revêtaient plus ou moins de solennité selon la classe choisie. Il existait quatre classes, de la plus chère à la moins chère, que l’on pouvait choisir indépendamment du statut social, à la différence de la règle d’Ancien Régime. L’importance des sonneries allait en décroissant et les cloches utilisées étaient de plus en plus aiguës.

 

Dans tous les cas une première sonnerie avait lieu la veille de la cérémonie après l’angélus du soir. Ces sonneries étaient reprises le matin après l’angélus, mais sans le glas sonné la veille. Les sonneries qui précédaient la cérémonie était organisées comme pour les grands-messes des dimanches : trois envois dans la demi-heure qui précédait la cérémonie ; la cloche utilisée était la même que celle utilisée après l’angélus du soir :

  • le ré pour la 1ère classe,
  • pour la 2ème classe au lieu du ré, on lance le mi,
  • le fa pour la 3ème classe,
  • le sol pour la 4ème classe.

 

 

  De nos jours :

Après la rénovation de l’ensemble campanaire en 2014, un nouveau règlement de sonnerie a été établi grâce à l’existence d’un automate programmable :

 

La sonnerie de l’Angélus a été adaptée au mode actuel de vie : trois fois trois coups sont frappés sur le mi3 à 8h00, 12h00 et 18h00. L’angélus de midi est accompagné d’airs de carillon.

 

La grand-messe du dimanche est précédée de sonneries de volée adaptées au calendrier liturgique.

 

Le glas, frappé sur deux cloches (mi3-do3), est sonné pour les enterrements avant la cérémonie. Cette sonnerie honore le défunt de la même manière, quel que soit son âge, son sexe ou son statut social.

 

D'autres sonneries en concertation avec les représentants de la paroisse peuvent avoir lieu, accompagnées d’airs de carillon : pour les baptêmes ou les mariages par exemple ou lors de fêtes majeures comme Noël ou Pâques.

 

De toutes les sonneries civiles, seule est conservée le tocsin : tintements rapides sur le fa3.

des pratiques de l’Ancien Régime ont été conservés deux types de sonneries de volée :

  • lors de l’accueil de visiteurs : les Villefranchois entendent ainsi, comme par le passé, honorer ces personnes ;
  • lors d’événements importants ou graves et lors de commémorations, les sonneries sont un témoignage de solidarité de toute la population.

 

Les 48 cloches rénovées couvrent quatre octaves et permettent de jouer des airs de carillon. La présence d’un clavier manuel permet l’organisation de concerts de carillon, le quatrième dimanche de chaque mois, à l’occasion desquels il est possible de visiter la salle des cloches. Un automate permet l’animation du marché du jeudi matin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Association Les Amis du Carillon

Maison des Sociétés

Place Bernard Lhez

12200 Villefranche de Rouergue

 

Téléphone : 06 17 04 20 76

 

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Sonneries des cloches

 

Sonnerie des cloches Eglise Notre-Dame de Villefranche de Rouergue

 

On n’a pas retrouvé, à ce jour, de règlements de sonneries propres à la collégiale Notre-Dame, quelle que soit la période. Cependant un document manuscrit daté de la première moitié du XXe siècle,

« église collégiale Notre-Dame de Villefranche de Rouergue (Aveyron)

sonneries des cloches selon la coutume et la tradition »,

s’apparente à ce type de règlement. Mais il ressemble plutôt à un ensemble de recommandations, comme s’il fallait éviter que chaque sonneur devenu aussi carillonneur développe, avec trop de liberté, ses propres variantes et s’écarte trop ainsi de la tradition.

 

Concernant la période d’Ancien Régime, seules sont mentionnées dans les documents d’archive les nouvelles sonneries ou les sonneries inhabituelles. Pour cette période on parle de grandes et petites cloches ; toute notion de musicalité semble absente. On remarquera que les cloches sont un remarquable instrument de communication.

 

Pendant cette période, les mêmes cloches sonnent pour des usages religieux et civils et le pouvoir civil dispose de la maîtrise de l’usage des cloches.

 

Le règlement de 1332 fait par les Consuls pour la sacristie de l’église archipresbytérale spécifie les obligations du sacristain :

  • il aurait soin aux fêtes solennelles de faire le carillon, ce qui revient à sonner toutes les cloches en volée, le plenum, conformément à la tradition
  • il sonnerait ou ferait sonner chaque nuit pendant toute l’année la cloche pour faire garde en la ville. Il serait tenu d’appeler ou de faire appeler les manœuvres de la dite ville.

Il semble donc que dès l’origine, à la demande des Consuls, le sacristain assurerait sonneries religieuses et civiles.

 

En 1446, un nouveau document actualise les statuts, conventions et articles passés entre les Consuls et les prêtres sur le droit et les privilèges que les dits Consuls avaient comme patrons en l’église archipresbytérale de la dite ville nouvellement érigée en collégiale. Et en 1503, année où est installée l’horloge de la ville sur le clocher-porche, dans les archives de l’hôtel de ville il y a des transactions et privilèges entre les Consuls et les Mrs du chapitre collégial, desquels il résulte entre autres choses que les dits Consuls sont patrons de l’église paroissiale et qu’ils ont juridiction et administration sur les cloches et ornements d’icelle ; confirmé par arrêt du parlement de Toulouse en 1512.

 

Non seulement les mêmes cloches sonnent pour des usages religieux et civils mais le pouvoir civil dispose de la maîtrise de l’usage des cloches : par exemple en 1500 les Consuls autorisent la fondation d’une chapellenie pour dire une messe chaque premier vendredi des douze mois de l’année en l’honneur des cinq plaies du Sauveur et il faut qu’on sonne cinq coups de cloches. Ce pouvoir des Consuls ne s’exercera pas sans tensions ni conflits.

 

Si les sonneries pour les différents offices du calendrier liturgique vont de soi et sont donc absentes des documents d’archives, il n’en va pas de même pour les appels quotidiens à la prière ni pour les sonneries associées à des événements exceptionnels.

 

Deux nouveaux appels quotidiens à la prière se font jour :

 

  • le 1er mai 1472 le roi Louis XI ordonna qu’au son de la grosse cloche à midi on eut à se mettre à genoux et dire l’Ave Maria. On peut penser que se confirment ainsi les trois sonneries quotidiennes de l’Angélus qui se poursuivent encore aujourd’hui.
  • en 1628 alors que la peste sévit et fait plusieurs milliers de morts, on prie la Vierge d’intercéder auprès de Dieu, son fils, pour que cesse ce fléau : ce qu’il advint ! Ayant eu recours à la protection de la très sainte Vierge, la communauté de cette ville fit un vœu solennel à perpétuité qu’on prierait à genoux le matin et le soir, tous les jours, dès que le peuple en est averti par de son de toutes les cloches de la ville. Cette sonnerie est propre à Villefranche et se poursuivra matin et soir jusqu’en 1906.

 

Les documents d’archive nous apprennent que les cloches sonnent régulièrement lors de la mort d’un personnage important ou pour le couronnement du roi et la naissance du dauphin. Le principe est simple : les cloches sonnent pour louer Dieu et témoigner de l’attachement des habitants de la bastide à cette personne ou à son roi.

 

Lors des orages les cloches sonnent pour les détourner ; c’est une propriété reconnue au bronze béni. Ces sonneries de cloches ont la même fonction que celles utilisées lors de l’Angélus du matin : repousser, chasser les démons qui hantent les nuées orageuses comme les nuits des fidèles. Cette sonnerie est en même temps une alerte et un appel à prière et procession. Il faut remarquer que l’on ne sonne pas le tocsin pour avertir de cette menace particulière.

 

Les sonneries liées aux funérailles posent régulièrement des problèmes : soit parce qu’elles sont trop nombreuses ou trop longues et troublent ainsi l’ordre et le repos publics, soit parce que le salaire parfois excessif exigé par les sonneurs, dont c’est la seule rémunération, entraine de nombreuses plaintes. Elles sont donc bien documentées.

 

Plusieurs documents mentionnent les sonneries à l’occasion des agonies, mais aucun à ce jour n’en décrit les modalités. En revanche les sonneries pour les enterrements sont mieux précisées :

 

  • en 1476 par exemple, il fut tenu un conseil de ville portant règlement de la sonnerie des cloches pour les honneurs funèbres des fidèles enterrés dans la présente ville ; il fut arrêté que l’on ne sonnerait plus les cloches qu’autant que brûlerait la troisième partie d’une chandelle de cire de la valeur d’une obole et non pas davantage. Lors de ce même conseil il est constaté qu’il serait bon de faire même distinction de l’état et condition des personnes.
  • autre exemple, le 22 septembre 1755 les consuls constatent que les sonneries de cloches abusives de jour comme de nuit troublent l’ordre et le repos public. Ils décident d’établir une ordonnance pour réglementer les fréquentes sonneries et le salaire souvent excessif qu’exigent les sonneurs de cloches. Les habitants de la bastide, dans ce nouveau règlement, sont regroupés en six catégories sociales ; à chaque catégorie sont associés un nombre de cloches, une manière de les sonner, une durée de sonnerie la veille au soir et le jour de l’enterrement, ainsi que le salaire des sonneurs.

 

La règle suivie pour ces sonneries est simple :

  • le nombre de cloches augmente avec la qualité du défunt, ainsi que le nombre des sonneries et leur durée ;
  • les grandes cloches sont réservées aux bourgeois, nobles et membre du clergé, c’est-à-dire aux personnages importants. C’est une transposition de la règle qui associe les grandes cloches aux événements importants ou aux fêtes majeures du calendrier liturgique.

 

Les sonneries civiles sont les mieux documentées car elles correspondent souvent à des événements dramatiques ou exceptionnels.

On distingue :

 

Les sonneries horaires : couvre-feu, retraite, gardes. Par exemple :

 

  • en 1721 et 1722 la peste menace. Enfin le 7 décembre 1722, on fit ouvrir tous les passages qu’on avait fermé pour se garantir de la contagion ; l’on fit cesser la garde aux portes de la ville, qu’on montait au son de la troisième cloche du grand clocher qui appelait de bon matin et qui faisait retirer fort tard.
  • le 29 février 1730 les consuls firent publier que les cabaretiers n’eussent point à recevoir dans leur logis aucun habitant, ni autres étrangers pour manger et boire pendant les offices divins et de fermer à tous leur porte vers les 8 à 9 heures du soir ; pour cet effet avant les 9 heures de la nuit on sonnera la retraite avec la cloche tertial du grand clocher.

 

Les sonneries d’alarme : le tocsin et sonneries en cas d’orage. Différents événements mentionnent la pratique du tocsin selon ses deux modalités :

 

  • soit prévenir d’une menace : incendie, guerre, mutinerie. Par exemple :
    • le 29 juillet 1603 le feu détruit l’hôpital Saint-Loup ; on fit sonner le tocsin à l’église des Cordeliers et à la collégiale toute la nuit.
    • en janvier 1643 commence la révolte des Croquants conduits par Jean Petit. Ces séditieux recommencèrent leur rébellion le 25 août, l’on sonna le tocsin dans toutes les villes, villages et lieux alentours.
  • soit appeler à l’insurrection : par exemple, en août 1627, il y eut un grand soulèvement du menu peuple. Les Consuls prièrent le prévôt de l’église collégiale de s’aller s’assurer du clocher et des cloches afin d’empêcher qu’on ne sonnât le tocsin.

 

Les convocations : par exemple, les membres du Chapitre collégial, logés dans diverses habitations de la bastide, étaient régulièrement convoqués en assemblée dans l’une des deux sacristies de la collégiale au son de la cloche appelée la Mandarelle.

 

Enfin l’accueil de personnalités. Par exemple :

en 1681 lors de la réception du Sénéchal du Rouergue, Jean de Buisson, seigneur de Bournazel, on chante le Te Deum au son des orgues et des cloches.

Le 23 octobre 1627 les sœurs de Sainte-Ursule, venant de Toulouse, sont reçues à la collégiale au son de toutes cloches de celle-ci ; on chante le Te Deum et toutes les cloches sonnent en signe de réjouissance.

 

De la Révolution à nos jours, on ne parle plus de grande ou petite cloche. Celles-ci sont maintenant désignées par la note correspondante et l’aspect musical devient de plus en plus important. L’instrument de communication s’efface devant l’aspect social des cloches.

Les cloches de volée installée en 1819

do3, ré3, mi3, fa3, fa#3, sol3, la3, la#3,

permettent d’une part des sonneries en modes majeur et mineur et d’autre part de jouer airs, cantiques et broderies autour de ces sonneries.

 

  Les sonneries, de la seconde moitié du XIXe siècle à la seconde guerre mondiale.

Les sonneries liées à la liturgie

Les sonneurs sonnaient au moins 6 fois par jour les jours ordinaires :

  • les trois angélus, à 6h00, midi et au coucher du soleil ; après une première broderie, 3 fois 3 coups sur le mi, puis des airs de carillon différents selon la période.
  • la prière à Saint Roch pratiquée jusqu’en 1906 : tous les jours à 8h00 et 17h00 ;
  • le couvre-feu à 22h00 pratiqué jusqu’en 1895. On met en branle pendant 2 à 3 mn la seconde cloche, le mi.

 

Ils sonnaient 8 fois les dimanches : les six fois des jours de semaines, la grand-messe et les vêpres. On sonnait de la même manière pour la grand-messe et les vêpres, à savoir pendant la demi-heure qui précède l’office trois envois de même structure : une ritournelle, une sonnerie ; puis après le dernier envoi une conclusion.

  • les dimanches ordinaires on sonne le mi,
  • lors des fêtes moyennes, le ré,
  • lors des fêtes solennelles, la grande volée.

Au moment de l’élévation le sonneur jouait un cantique pour permettre aux absents de s’associer à la prière de la communauté.

 

Les sonneries liées à la mort

On distingue les agonies des funérailles :

 

Les agonies

La sonnerie pour les agonies, supprimée à partir de 1906, utilise le ré par tintement : trois séries avec un intervalle de 30s entre elles. Chaque série comportait :

  • 4 tintements pour une femme,
  • 5 pour un homme,
  • 6 pour une religieuse,
  • 7 pour un prêtre,

 

Les funérailles

Les funérailles revêtaient plus ou moins de solennité selon la classe choisie. Il existait quatre classes, de la plus chère à la moins chère, que l’on pouvait choisir indépendamment du statut social, à la différence de la règle d’Ancien Régime. L’importance des sonneries allait en décroissant et les cloches utilisées étaient de plus en plus aiguës.

 

Dans tous les cas une première sonnerie avait lieu la veille de la cérémonie après l’angélus du soir. Ces sonneries étaient reprises le matin après l’angélus, mais sans le glas sonné la veille. Les sonneries qui précédaient la cérémonie était organisées comme pour les grands-messes des dimanches : trois envois dans la demi-heure qui précédait la cérémonie ; la cloche utilisée était la même que celle utilisée après l’angélus du soir :

  • le ré pour la 1ère classe,
  • pour la 2ème classe au lieu du ré, on lance le mi,
  • le fa pour la 3ème classe,
  • le sol pour la 4ème classe.

 

 

  De nos jours

Après la rénovation de l’ensemble campanaire en 2014, un nouveau règlement de sonnerie a été établi grâce à l’existence d’un automate programmable :

 

La sonnerie de l’Angélus a été adaptée au mode actuel de vie : trois fois trois coups sont frappés sur le mi3 à 8h00, 12h00 et 18h00. L’angélus de midi est accompagné d’airs de carillon.

 

La grand-messe du dimanche est précédée de sonneries de volée adaptées au calendrier liturgique.

 

Le glas, frappé sur deux cloches (mi3-do3), est sonné pour les enterrements avant la cérémonie. Cette sonnerie honore le défunt de la même manière, quel que soit son âge, son sexe ou son statut social.

 

D'autres sonneries en concertation avec les représentants de la paroisse peuvent avoir lieu, accompagnées d’airs de carillon : pour les baptêmes ou les mariages par exemple ou lors de fêtes majeures comme Noël ou Pâques.

 

De toutes les sonneries civiles, seule est conservée le tocsin : tintements rapides sur le fa3.

des pratiques de l’Ancien Régime ont été conservés deux types de sonneries de volée :

  • lors de l’accueil de visiteurs : les Villefranchois entendent ainsi, comme par le passé, honorer ces personnes ;
  • lors d’événements importants ou graves et lors de commémorations, les sonneries sont un témoignage de solidarité de toute la population.

 

Les 48 cloches rénovées couvrent quatre octaves et permettent de jouer des airs de carillon. La présence d’un clavier manuel permet l’organisation de concerts de carillon, le quatrième dimanche de chaque mois, à l’occasion desquels il est possible de visiter la salle des cloches. Un automate permet l’animation du marché du jeudi matin.